Cette fiction est ma contribution au premier atelier d’écriture #EcritHebdo lancé sur Mastodon (compte @EcritHebdo). Chaque mercredi un nouveau thème. Le thème pour cet atelier était de commencer notre texte par “Ah tiens les cerisiers fleurissent !”. Bonne lecture !


- Ah tiens, les cerisiers fleurissent !

Orla me tend la tablette qui affiche en temps réel l’évolution de nos fruitiers. En effet, le pictogramme en forme de bouton floral qui jusqu’a maintenant était statique laisse place une animation en quatre images successives illustrant une éclosion. J’esquisse un sourire de soulagement, c’est ma première année au labo et la semaine dernière était particulièrement tendue. Trois types d’arbres étaient en retard sur leur floraison et la courbe de croissance de certains affichait des résultats inquiétants. Voilà une choses de réglée ! Enfin, je ne devrais pas me réjouir trop vite, rien ne dit qu’il ne s’agit pas d’un bug des capteurs. Il faut attendre le retours des jardiniers pour avoir la confirmation. Ils ne devraient pas tarder.

Parfois j’aimerais prendre l’escalier et aller faire les vérifications moi-même mais l’accès est réservé aux jardiniers ou aux laborantins qui exercent depuis plus de cinq ans. On m’a dit, à ce propos et à mon plus grand regret, qu’ils allaient changer cette règle pour que seuls les deux plus anciens puissent monter. C’est parce qu’ils augmentent les effectifs et ils ne veulent pas que nous nous disputions l’accès au jardin. C’est contre-productif vous-comprenez. Les jardiniers ne descendent pas, Orla a les yeux fixés sur la tablette comme si cela pouvait empêcher que la petite animation ne redevienne un bouton stagnant. Elle aussi est impatiente de recevoir la confirmation d’en haut.

- Qu’est-ce qu’ils font ? Je dois envoyer le rapport d’évolution avant demain.

C’est important pour nous que les jardiniers viennent confirmer et ajuster les données des capteurs. Plus vite nous envoyons des données proches de l’exactitude plus l’assistance oxygène de la ville envoie de l’air pur. Les soucis de la semaine passé nous ont laissé dans une atmosphère pesante quasi irrespirable. Évidement, ils ne se rendent pas compte là haut, au jardin, ils ne sont jamais en manque. Ils ne connaissent pas la détresse respiratoire.

Je ne suis pas une simple liseuse de chiffres, rédactrice de rapports à archiver. Je travaille pour que les habitants d’Eden, sous-terre et sur terre, respirent convenablement. A la fin de la grande crise écologique de 2091 le collectif Villaeria s’est emparé de tous les stocks de bonbonnes d’oxygène. Le collectif dirige la ville et il est le seul à pouvoir ouvrir les vannes d’air pur. L’air est rationné. Il est distribué uniquement lorsque les complexes jardiniers composés d’une parcelle agricole en surface, le jardin, et d’un laboratoire en sous-sol, ou je suis à mon poste, envoient des données satisfaisantes. Ces données doivent montrer que nous sommes en voie de régénérer des espaces verts et nourriciers.

Cela fait deux ans que notre complexe est en flux-tendu. L’année précédente un enchaînement de mauvais résultats avait contraint le collectif a user des vannes de secours qui ne peuvent être ouverte qu’une fois par an en cas d’extrême urgence. Par chance la roseraie de la ville donnait le lendemain de très bon résultat quand à la naissances d’une centaines d’insectes pollinisateurs.Je soupçonne aussi le collectif de ne plus avoir beaucoup de réserve et d’être de plus en plus strict. La porte s’ouvre et avant même d’entendre des pas résonner dans l’escaliers, une exclamation nous parvient.

- FLOWER POWER !

Adélie