Cette fiction est ma contribution au cinquième atelier d’écriture #EcritHebdo lancé sur Mastodon (compte @EcritHebdo). Chaque mercredi un nouveau thème. Le thème pour cet atelier était “Une bonne nouvelle”. Bonne lecture !


Cinq petites chambres douillettes de deux ou trois lits, une grande salle à manger avec en son centre une longue table en bois ou peuvent siéger jusqu’a vingt-cinq convives, une cuisine équipée simplement dont l’espace de travail est intelligemment agencé comme pour proposer au cuisinier une danse tout en souplesse et fluidité.

L’auberge des Petits Pas m’a tendu les bras dès l’instant où je l’ai aperçue du bout de l’allée. À la seconde où mon regard s’est posé sur la belle bâtisse de pierres pâles sertie d’un colombages discrets. Une fois à l’intérieur j’ai sentie comme une douce et chaleureuse étreinte comme une mère débordant d’amour. Elle semblait me dire « Là, tu ne crains rien, installe-toi, repose-toi contre mon corps chaud et rassurant, je tâcherais que tu t’y sentes toujours le mieux du monde ».

C’est comme si, me voyant arrivée au loin, l’auberge avait décidé de m’apprivoiser. Avait-elle, durant les quatre minutes qui me séparait de sa lourde porte sculptée, réagencé son intérieur de sorte à ce qu’il colle exactement à ce qui me charmerait ? Non bien sûr, quelques magies de la sorte ne pourrait se produire. Pourtant lorsque je traverse les couloirs, que j’entrebâille les portes de chaque pièce pour y jeter un coup d’œil je m’émerveille de tant d’équilibre et de charme. Cette petite chaise au siège paillé posée dans le coin de cette chambre était à sa place, sans nul doute, elle semblait attendre qu’on y dépose un vêtement, une mallette ou le ventre chaud d’un chat paresseux.

Les meubles de bois massif aux motifs floraux usés, disposés contre les épais murs bosselés sont comme les spectateurs des va et vient de vie dans la maison. Ils semblent porter un sourire attendrissant sur chaque scènes et ont l’air si confiant comme si tout se qui se déroulerait sous ce toit ne pouvait être qu’amour, convivialité, rire et tendresse.

Non, l’auberge des Petits Pas n’a rien d’une maison vide. Elle attends simplement l’étincelle de vie qui réanimera les lieux. Elle me l’a proposé, de l’intérieur de chaque pièce, elle m’a invité sans me brusquer à me projeter. «On s’occupera l’une de l’autre» semblait-elle me répéter. « Tu prendras soins de moi ,tu m’apporteras la vie, les gens, les rires et je les protégerais du vent, du froid.»

J’ai fais le tour de la maison sept fois. Je m’arrête dans la grande salle à manger devant la longue table. Mes doigts s’y promène, caresse le bois irrégulier, parfois lisse, parfois rugueux, accidenté, creusé, usé de tant de dîners partagés. Je souris, lève les yeux sur le large plafonnier à six bras décoré délicatement de feuilles de vignes en fer forgé. Je m’adresse au lustre comme si je m’adressais au cœur de la demeure. « Oui, c’est d’accord ! ». Le son de ma voix me surprend, je regarde autour de moi un peu honteuse pour vérifier que personne n’a entendu. C’est idiot, je suis seule ici même si tout autour de moi semble gorgé de vie du sol au plafond. Alors je reprend « C’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas ? L’auberge des Petits Pas reprend du service ! »

Adélie